En deux ou trois coups de vents, l'été s'en est allé… Le soleil discrètement se couche un peu plus tôt chaque jour laissant place aux nuits qui s'allongent. Les oiseaux bientôt se tairont et se cacheront tandis que d'autres préparent leur long voyage vers les contrées plus chaudes.
Derniers éclats avant le grand dépouillement…
La fin de l'été, dans sa générosité contagieuse, nous gâte de légumes divers et de fruits bien mûrs. Récoltons ce qui reste de la saison dorée et accueillons les derniers rayons comme pris au piège dans les feuilles tombantes ! Car c'est un autre spectacle qui se prépare déjà : les jaunes, les rouges et les oranges créent désormais certains des plus beaux tableaux de l'année.
Il y a des personnes que l'automne enchantent, et d'autres pour qui cette saison rime avec angoisse et parfois même dépression. Sans pouvoir clairement identifier ce qui leur arrive, certains noteront à chaque rentrée d'octobre une mélancolie teintée de nostalgie les assaillir sans qu'ils ne puissent rien y faire.
Et chemin faisant au fil des années, nous tentons d'apprivoiser ces variations d'humeur et de couleurs qui semblent aller de pair, pour finalement les aimer et n'en retenir désormais que la beauté de ce qui change et se transforme.
La Nature, source d'inspiration.
Notre nature profonde est reliée la la Nature ; vivre en accord avec cette Nature et tout ce qu'il s'y passe est la clé d'une vie harmonieuse. Parole d'Ayurvéda !
Bien souvent, nous nous surprenons à lutter contre ce qui est et surtout contre ce qui change. Cela s'apparenterait à vouloir retenir entre ses deux mains une rivière tumultueuse. On y dépense beaucoup d'énergie pour s'apercevoir que le geste est vain.
Les saisons-charnières comme le printemps et l'automne, sont marquées par le déclin d'un état et la renaissance d'un autre. Passer de l'hiver au printemps est souvent bien mieux vécu car il s'agit là d'une renaissance du vivant avec les fleurs, le soleil, l'énergie montante de la manifestation de Vie.
Passer de l'été à l'automne est une toute autre affaire car s'annoncent à nos êtres les jours plus courts et froids, le soleil qui manque, les paysages qui se dénudent…
C'est le déclin du vivant, c'est l'annonce du grand repos et du retour en Terre. Cela rappelle étrangement la mort et nous plonge dans le désarroi de ce constat annuel : tout ce qui a vécu décline et meurt, évoquant par là même notre propre fin inéluctable…
Mais voyons ce spectacle récidivant comme l'allégorie de la cyclicité. Tout ce qui vit nécessite une forme de gestation silencieuse, de temps de pause et de régénération. La nuit en est la manifestation la plus évidente et pourtant nous ne luttons pas contre elle (pour la plupart d'entre nous) et nous nous offrons à elle avec nuances allant du doux abandon au soulagement parfois. Chez nous les femmes, le cycle menstruel vécu régulièrement est également porteur d'une destruction intime et nécessaire pour faire place neuve à un éventuel possible…
Accueillez le changement automnal avec émerveillement pour ce qu'il nous apprend et nous rappelle : rien ne demeure tout évolue et se transforme, le changement c'est la VIE.
Au regard de cette formidable grille de lecture du vivant qu'est l'ayurveda, l'automne va nous inviter à prendre grand soin du dosha VÂTA qui gouverne les deux autres doshas et la circulation de prâna, l'énergie vitale.
Les mots-clés de l'Automne
A la fin de l'été, la sècheresse s'est installée et la chaleur a augmenté les caractéristiques du dosha PITTA (feu et eau).
L'automne arrivant va à nouveau amener de la fraicheur ce qui va "réduire" Pitta qui entre alors en phase de soulagement. Pendant ce temps là en fin d'été, le dosha VÂTA a commencé à s'accumuler avec l'air sec. Ses attributs sont ceux des deux éléments le constituant (l'air et l'éther) : sec, froid, rugueux, mobile, subtil, léger, clair.
Les VIKRITIS (déséquilibres) de l'automne
VÂTA est responsable de tous les mouvements dans le corps, c'est son job ; le système nerveux et les impulsions subtiles, c'est aussi lui. On pourrait comparer vâta en automne à ces petites feuilles sèches virevoltant sans direction précise. Il n'y a pas d'humidité dans ce dosha qui est sec (et froid) par nature.
En fonction de votre constitution et de notre mode de vie, certains déséquilibres s'installeront ou non...
Quelques indicateurs d'un VÂTA aggravé :
Constipation, gaz et ballonnements
Raideurs articulaires, ça "craque"
Inquiétude et anxiété, sensation de vide
Sensibilité auditive
Mémoire qui flanche, incohérences
Sècheresse cutanée et extrémités froides
Sommeil perturbé et réveils
Changements anarchiques (humeur, projets, pensées, directions…)
Gestion de l'espace-temps compliquée
En cours et en fin d'automne, le dosha Kapha commence à s'accumuler, il fait de plus en plus humide et froid, les deux attributs principaux de kapha. Un autre attribut principal est l'inertie et la stabilité et ce n'est pas un hasard si cela se manifeste également en cours et fin d'automne : la Nature s'est dénudée et entre en silence et en repos… notre nature interne en fait de même. En fonction de votre constitution et la présence plus ou moins marquée de l'élément eau en vous, d'autres désagréments peuvent survenir en lien avec l'accumulation du dosha kapha : congestions, excès de mucus dans les bronches et les sinus, léthargie, rétentions… La sècheresse du début de l'automne laisse place à une plus grande humidité et fraicheur qui invitera à rentrer davantage en soi sans s'y assoupir pour autant :-)
Quelques conseils ayurvédiques pour équilibrer vâta
Pour apaiser les incertitudes du changement, il conviendrait d'installer toutes sortes de régularités dans l'heure des repas, du lever et du coucher, la pratique corporelle et méditative, les rituels du matin et du soir,...
C'est la saison "d'une tite soupe et au lit !", on va dormir avec les poules ;-)
Hydrater et réchauffer le corps par l'extérieur : automassage des mains et des pieds si possible tous les jours à l'huile chaude de sésame par exemple ; automassage de tout le corps à l'huile chaude peut être une fois par semaine ou plus...
Hydrater et réchauffer le corps par l'intérieur : tasse d'eau chaude tous les matins à jeun, éviter les boissons fraiches et manger uniquement des aliments cuits, ajouter un filet d'huile sur vos légumes cuits
Prendre des douches (ou bains) chauds avec bougies, odeurs et musique apaisantes
Se gratter la langue au réveil pour retirer l'excès de matière
Se laver le nez pour dégager le mucus et déposer 1 goutte d'huile ensuite dans chaque narine
Nourriture plus consistante (mais digeste) à base de légumes de saisons CUITS avec céréales (orge, riz basmati…)
Les mono diètes de mi-saison sur quelques jours sont intéressantes...
Les saveurs sucrées, salées et acides sont à privilégier en automne
Utiliser les épices soutenant le système digestif : gingembre (plutôt frais car saison sèche), cannelle, fenouil, cardamone, cumin…
Éviter autant que possible les excitants et les sucres raffinés
Consommer les fruits en dehors des repas pour soutenir l'hydratation du corps, ou en compotes
Chanter des sons, des mantras, faire résonner l'organe vocal sans le surmener et profiter des ses vibrations
Profiter de la merveilleuse Nature aux couleurs changeantes pour s'abandonner dans les bras de la Terre-Mère avec confiance et accueillir le retour vers Soi…
Comme tous les ajustements, ils demandent à suivre de près vos ressentis.
La semaine prochaine, nous verrons les conseils de l'Ayurvéda en termes de pratique yogique.
Prenez bien soin de vous !
Namasté
Hélène
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